*Ces derniers jours avaient été extrêmement pénibles pour les habitants du Désert. La chaleur avait été à son paroxysme et même pour ceux ayant l’habitude, le climat était clairement insupportable ! Le soleil flottait dans les cieux en brillant de milles éclats sans qu’il n’y ait un seul nuage à l’horizon, n’annonçant rien de bon. Dans ce genre de conditions météorologiques, mieux valait-il rester proche d’un point d’eau et Chizi le savait bien !

Le petit souci dans cette histoire, c’est que le point le plus proche d’elle n’était autre que le marais et il faut avouer qu’elle n’était pas friande de cet endroit pour la simple et bonne raison que ce lieu était assez proche de l’Oasis et qu’il se pourrait qu’elle croise un Mositus. Cette partie de terre n’appartenait pas aux membres de ce clan mais bien au Jangowas. Malheureusement, les lions sous l’ordre de Maisha se croient tout permis et certains ne se gênent pas à passer les frontières de l’Oasis. Donc, dans la logique des choses, Chizi croiserait certains récidivistes et serait dans l’obligation de faire son devoir de Jangowas, c’est-à-dire protéger ses terres. Hélas, elle n’appréciait pas les affrontements, d’où le fait que devoir aller dans un tel endroit l’horripilait !

Pourquoi donc s’était-elle tant éloignée du groupe, encore une fois !? Elle-même ne se souvenait pas vraiment de la raison nécessaire si ce n’est que pour la chasse. Akili n’allait pas être content si elle revenait sans rien… Quoiqu’il en soit, il fallait qu’elle aille avant tout s’abreuver quelque pars et trouver un coin d’ombre. Elle avait les pattes engourdies, signe qu’elle commençait réellement à se déshydrater. Elle n’avait donc pas le choix…

C’est ainsi que notre jeune intrépide se dirigea vers les marais, redoutant le pire. Elle voulait juste se reposer tranquillement en attendant que le climat soit plus clément ! Peut-être profitera-t-elle également de l’eau du marais pour retirer la poussière jaunâtre qui enduisait son corps? Elle verrait cela en temps voulu. Ses pattes la menèrent à la frontière du Désert et du Marais, un lieu assez étrange où la végétation et le sable se croisaient sans peine. Il y avait bien des animaux dans cet endroit, elle trouverait certainement de quoi manger ! Mais pas tout de suite...

La démarche légère, Chizi aperçut au loin une petite mare qui conviendrait parfaitement à hydrater son gosier sec. Elle s’avança donc, observant aux alentours avec méfiance. Le marais n’était pas un endroit qu’elle connaissait bien et elle craignait que cela lui porte préjudice. Quoiqu’il en soit, elle vint s’abreuver, les yeux attentifs au moindre mouvement mais apparemment, il n'y avait rien de bien dérangeant s’il ne s’agissait d’oiseaux. La belle lionne au pelage clair décida donc de s’allonger sur le rocher près de la mare, se reposant de sa traversée.*

*Chizi, allongée à l'ombre du soleil cuisant du Désert, s'étirait de tout son long, se décontractant au fur et à mesure que le temps s'écoulait. Il n'y avait pas à dire, se retrouver ainsi près d'un point d'eau sans se tracasser des rayons chaleureux de l'astre solaire, c'était presque idyllique. La lionne n’avait plus la moindre envie de bouger, se frottant contre le rocher qui lui servait de matelas. Qu’il était frais ! Habituellement, pour trouver une telle fraicheur dans le Désert, il fallait attendre la nuit, là où la température chutait de quelques dizaines de degré. Elle se serait presque mise à ronronner si à l’instant, on la transformait en chat. Ses prunelles se fermèrent doucement, la tension passée et ses angoisses envolées. Elle avait tant besoin d’un peu de sommeil.

Malheureusement, au moment où ses yeux violacés furent clos, un bruit interpella son attention. Immédiatement, la femelle redressa sa tête et observa l’origine de cette perturbation à sa sieste, qui n’était autre que l’abreuvement d’un congénère. Un lion au pelage foncé, à la crinière épaisse et maronnée se tenait face à elle, se déshydratant le gosier sans même faire attention à sa présence. Il n’avait certainement pas fait attention car si dans les Désert la lionne passait inaperçue, dans le Marais c’était une autre affaire.

Chizi l’observa un instant, oubliant presque ses responsabilités. Toutefois, la voix de la raison l’éveilla et elle prit conscience de l’intrusion malvenue de ce mâle étranger. Il n’était certainement pas Jangowas, elle y mettrait sa patte en pâture aux crocodiles. Mais alors, se pouvait-il qu’il soit Mositus ? Peut-être s’agissait-il simplement d’un lion égaré ? En fait, elle n’en savait pas grand-chose et c’était surtout ça qui la dérangeait. S’il s’agissait d’un mâle solitaire qui ne comptait pas s’installer, il avait le droit de traverser le Désert à ses risques et périls bien qu’il n’était guère le bienvenu en ces lieux. Cependant, s’il s’agissait d’un Mositus, l’affaire risquerait de s’éterniser.

La lionne au pelage sablé se releva doucement, peu prompt à la conversation. Elle était fatiguée, agacée par son manque d’activité dû au soleil… Franchement, cet intrus avait tout intérêt à être disposé à l’écouter, dans le cas contraire elle n’hésiterait pas à se faire entendre autrement que par un dialogue.

Ainsi, elle se déplaça jusqu’à lui, se trouvant proche de la mare. Avant même qu’elle n’ait eu le temps de poser une quelconque question, le lion à la robe maronnée s’inclina légèrement, lui offrant une révérence pleine de politesses. C’était plutôt surprenant, tant et si bien que cela laissa sans voix notre belle féline crémée. Il s’était présenté bien qu’il n’eut pas dit ses origines, lui dévoilant au moins une chose sur son identité.

Chizi s’était apprêtée à lui parler de manière animé et assez agressive mais la calme qui émanait de cet étranger l’avait coupé dans son élan, la rendant muette un instant. Euuuh… Comment allait-elle lui répondre à présent ? Il n’avait pas l’air bien dangereux mais le fait qu’il s’agisse d’un mâle rendait les choses plus compliqués. Il était plus fort qu’elle et donc, un combat serait périlleux. Bon…. Elle allait y aller plus calmement que d’habitude même si, au final, elle resterait égale à elle-même. Elle n’allait pas se mettre à maniéré en présence d’un individu venu de nulle part, s’abreuvant dans les sources des Jangowas ! Il n’était pas la Bienvenu et il fallait qu’il le sache.*

" Bonjour Utamu. Je me nomme Chizi et j’appartiens au clan des Jangowas. Vous vous trouvez en ce moment même sur nos Terres et c’est pourquoi je me permets de vous demander la raison de votre venue sur ce territoire."

*Il n’y avait pas de « enchantés » ou d'autres belles formules pré-faites. Si c’était bien une chose que Chizi n’avait pas appris, c’était l’accueil. Elle se sentait toujours aussi mal, aussi désarmée face à l’inconnu. Sa voix était froide, distante, contrairement à celle de son interlocuteur.*