Le Repère en vue, Khan s’immobilise au sommet de la colline. Il a récupéré, son allure n’est plus celle d’un lion traqué. Le menton haut, l’œil clair, il sourit à son pays. Le voilà de retour. Près de deux ans qu’il n’a pas foulé la plaine du Freeland. Le cœur réchauffé, il descend la pente à grandes foulées, souple et puissant, son œil bleu rivé sur les rocs symbole de la suprématie des crinières. Il approche, sûr de sa force. Il est parti jeune adulte et il revient dans la force de l’âge, aguerri par le désert, redoutable.

Plusieurs de ses congénères l’observent. Lui n’a pas un regard pour eux. Les autres peuvent renifler l’odeur du sang sur lui. Ceux dont les narines sont les plus délicates peuvent lire dans son passé. Tueur de lions.

Toutes les places à l’ombre sont prises. Bon, en temps normal il dégagerait celui-là pour s’y mettre mais il décide d’être beau joueur. Et puis le soleil décline. C’est donc sur un rocher chauffé à blanc dans l’après-midi qu’il s’allonge, à bonne hauteur. Ses paupières se ferment doucement, il a une pensée pour sa mère et son frère cadet. Demain il ira les trouver.