Une des premières fois de ma vie que je voyais enfin ce fameux royaume de Prideland, celui dont tant de lions crachaient dessus pour des motifs personnels. A ce qu'il paraît, beaucoup d'outlanders venaient de ce bout de terre plus hospitalier, où il était facile de trouver de quoi se nourrir ou de quoi boire. Une belle bande de tapettes habituée à se la couler douce, ayant tout sous la patte dès la naissance avec papa maman pour les pouponner, voilà ce qu'ils sont. Même pas capable de garder leur place au sein d'un clan, et ensuite ils viennent se plaindre. Au moins Massempo ne se plaignait jamais lui, déjà un point qui le distingue des autres pétochards, et après tout, c'est sûrement pour ça qu'il a réussi à s'imposer comme chef.

"Rendez-vous dans deux couchers du soleil à un grand arbre solitaire dans la région nord de Prideland" avait-il dit. En effet, il fallait qu'on discute lui et moi. Mais apparemment, pas devant tout le monde... Il devait vraiment avoir la foi pour donner rendez-vous dans prideland même. Surtout que c'est un coin que je connais pas du tout. Au moins l'arbre était très facilement repérable : un gigantesque machin énorme et feuillu au milieu de nul part. On peut dire que ça, c'est du point de repère qui tue!

J'avais bien pris soin de pas trop pénétrer sur le territoire, mais j'ai croisé aucune patrouille, ni même la trace du moindre passage depuis au moins quatre jours. Un vrai coin paumé en fait... Je comprends mieux pourquoi Massempo m'a demandé de venir ici, on risque pas d'être dérangé.

Par contre bonjour la saleté de temps. Un coup il pleut, un coup il pleut pas, puis ça reprend... Je compte plus le nombre de fois où je me suis pris une averse comme il faut dans la tronche. Heureusement le grand arbre était creux: j'ai pu distinguer une large fissure dans le tronc, suffisant pour que je puisse passer tranquillement à l'intérieur. Enfin au sec! Et le grondement du tonnerre dehors, j'avais l'impression qu'il me poursuivait, et que maintenant, il hurlait sa rage d'avoir vu sa proie lui échapper. Je fais pas une proie aussi facile, désolé...

Une fois pénétré dans cet antre végétal, mes sens m'alertèrent quasi-immédiatement. Il y avait des odeurs qui refoulaient; une odeur de bois mouillé rongé par les insectes, ma propre odeur de pelage mouillé, mais pas seulement...

_ Massempo ?