Tu comptais les jours depuis que Chombo Hiki était mort et il se trouvait que c'était extrêmement long. Tu les avais vu passés ces un an.. Tu t'étais isolée, entraînée afin d'être prête pour le jour où tu vengerais ton père. Rana, ton protégé, ton petit frère de cœur, lui qui avait su surmonter la mort de ses parents n'avait même pas réussi à apaiser ces pulsions qui faisaient désormais corps avec toi. Tu étais méconnaissable.

Tu n'avais pas eu le temps de chasser aujourd'hui à force d'efforts. Tu en oubliais presque tes besoins essentiels et, tu te retrouvais dépendante du clan à ton grand désespoir. Alors tu étais rentrée prendre quelques maigres vivres pour te rassasier. Tu comptais passer en coupe-vent et repartir aussi sec, comme une sauvage mais ton frère, à qui tu n'avais pas parlé depuis des lustres en avait décidé autrement.

Pourquoi venir te voir maintenant ? Un grondement s'échappa de ta bouche et tu le fusillas du regard tout en le détaillant.


Tes paroles étaient aussi sèches que la terre sur la laquelle vous viviez et tu avais bien insisté sur le dernier mot, un soupçon de dégout dans la voix.


Tu étais en colère contre lui. Pourquoi ? Tu n'arrivais pas exactement à te l'expliquer toi-même, après tout tu étais en colère contre le monde entier et le fossé qui se creuser entre toi et ta fratrie semblait ne jamais s'arrêter de croître.

Evidemment, ton frère ne trouva rien de mieux que de bégayer. Tu trouvais cela pitoyable, d'autant plus qu'il commençait à se plaindre sur son sort. Tu ne cautionnais pas qu'il n'ait pas agit de toute l'année. Tu ne cautionnais pas qu'il ne se soit pas entraîné pour espérer, un jour, se venger de la vermine. Non, il était resté à ne rien faire, à jouer l'infirmière alors que son rôle aurait du être de venger votre père et de prendre la place qu'il occupait au sein de la famille.

A la place, c'est toi qui assumait cela. C'est toi qui te ramassait des coups tous les jours afin de t'améliorer, c'est toi qui répétais les mouvements appris jour après jour, nuit après nuit. Comment pouvais-tu le soutenir alors que tu faisais toi-même tout le boulot ?! Non, il était hors de question que tu t'allies avec ce pleutre. Ainsi, tu le regardas d'un air très mauvais, tout en grognant encore et encore, grattant le sol de tes griffes.

C'est à ce moment là que tu perdis tout contrôle. Comment osait-il parler de Fahari ?! Comment osait-il le condamner de cette façon ?! Non, tu ne pouvais pas laisser passer cela et tu rugis puissamment, te mettant en position d'attaque, prête à bondir sur Dahaan si il recommençait à dire de pareilles balivernes.


Tu hurlais à présent et des larmes de chagrin et de rage coulaient à présent sur tes joues. Presque tout le clan s'était mis en rond autour de vous suite à l'agitation dont tu faisais preuve mais tu n'en avais cure. Plus rien n'importait si ce n'était ta vengeance, la vengeance de votre père certes, mais également la vengeance de Fahari. Ce jour-là tu n'avais pas perdu un seul être cher, mais bien deux.