La chaleur. Ecrasante, omniprésente. Comme l’œil impérieux du Grand Désert. Le doré continuait son périple à travers les dunes. Sa langue, pendante, semait sur son passage des gouttes de salive qui séchaient instantanément au contact du sable brûlant.

Trois jours que le lion arpentait ces terres hostiles. Les effets du climat ne s’étaient pas fait attendre : La crinière brune du géant, autrefois soyeuse et douce, était ternie de poussière. Les vents chauds avaient séché la fourrure du néo-jangowa, la rendant aussi rêche que le sable qu’il foulait. Aucune trace d’eau à l’horizon, hélas…Et toujours aucun signe de la Clé ! Nzige s’accorda une pose. Il laissa son arrière train tomber dans le sable, en plein cagnard. Son regard, hagard, se perdit dans le paysage sans fin, formé par les monticules aussi dorés que lui. Le Désert, à travers l’écho de ses vents, était silencieux. A vrai dire, il l’observait. Le voyageur le sentait. C’était comme si la nature même de l’endroit lisait en lui. Le grand lion tourna son visage vers le soleil, ferma les yeux pour faire face à l’astre du jour.

« Dis-moi, seigneur ? Que dois-je faire à présent ? Parle moi, je t'en prie ! » Demanda intérieurement l’exilé.

Mais, plus que le Désert, c’était une autre entité qui surveillait l’étranger. Et cette dernière était bien en chair…

Perdu dans sa méditation, l’ex citoyen des terres libres attendait. Les yeux tournés vers l’œil du Désert, tel un tournesol, il s’égara. La chaleur ramollissait ses muscles et embrouillait son esprit dans une torpeur feutrée. Des volutes dansaient au travers de ses paupières closes, roses, violettes, bleues…

- Qui êtes-vous, inconnu, pour oser fouler de vos pattes souillées et impures LE Grand Désert ?

- Hum ?

Surpris, le grand mâle ouvrit les mirettes. La voix juvénile avait précédé un couinement, typique d’un lionceau.

- Je vous somme de faire demi-tour immédiatement, au nom de mon Clan!

Nzige baissa le regard. Une boule de poil s’affairait là, devant lui. Il s’agissait plus précisément d’un Jangowa, à en juger ses couleurs et son cran. Mais…où était sa queue ? Sayed lui avait longuement parlé des tendances violentes des habitants du Désert, bien que leurs mœurs tendaient, selon lui, à s’adoucir au point d’en friser la stupidité. Quoi qu’il en soit, ce jeunot avait dû être victime d’une sacrée correction !

Dans un premier temps, l’exilé dévisagea l’autochtone avec mépris. Son homologue blessé avait également appuyé sa haine envers ses anciens compatriotes. De ce fait, le brun s’était habitué à cette vision négative des désertiques. Pour autant, en voyant ce chaton enragé, le géant ne put retenir ses instincts. Un sourire se dessina sur son visage, brisant la plaque de marbre qui le couvrait. Il fallait l’avouer, le spectacle qui se déroulait était drôlement attendrissant.

- Huhu, n'ai crainte. Commença le voyageur.Je ne suis que de passage.

Le maous leva péniblement son grand corps poussiéreux. Si ce garnement l’avait trouvé, il était sans doute accompagné ! Sayed avait prévenu, les sentinelles patrouillaient dans le Désert. Du haut de la dune, le sans-terre balaya les environs d’un œil suspicieux. Ses prunelles se posèrent ensuite sur l’agité. Aucune trace de ses parents ou de possibles gardes. Toutefois, mieux valait être méfiant.

- Ta dévotion envers le Désert réchauffe le cœur ! Ton clan doit-être fier de toi !