Je m'inquiétais. Il ne restait que quelques semaines avant que Kaï ne doive partir pour son Exil. J'avais toute confiance en lui et je savais qu'il reviendrait victorieux, en bon fils du Désert qu'il était. Mais ce n'était pas là mon réel sujet d'inquiétude.

Lahira était morte récemment, rouvrant la plaie toujours présente de la mort de notre génitrice et, désormais, de notre figure maternelle. Je peinais à m'en remettre, bien que j'essayais de le cacher. Même si Lahira avait caché son mal, rien n'aurait pu laisser présager qu'elle serait rappelée par le Désert. Je me demandais alors si c'était mon comportement qui sortait des standards que l'on attendait d'une femelle Jangowa qui avait pu fâcher le Désert et que, pour se venger, celui-ci avait décider de me punir en rappelant Lahira auprès de lui.

De ce fait, et aussi pour éviter de causer de la peine à ma petite sœur, j'essayais de me montrer aussi proche que possible de ce que l'on attendait de moi. Elle ne méritait pas de souffrir par ma faute alors je pensais qu'il fallait que je change de comportement. J'avais donc arrêté mes bêtises et je me montrais plus calme que jamais.

Il était donc normal, au regard de ces derniers jours, de me trouver seule à observer mes camarades de clan. J'avais prévu d'aller chasser en compagnie de mes cousines Hani, Liorah et Elina ainsi que leur mère, Habari. Cependant, elles étaient actuellement occupées alors je les attendais tranquillement.

Je ne faisais rien de particulièrement intéressant, me contentant de regarder les uns et les autres vaquer à leurs occupations. Soudain, mon regard bicolore se posa sur une autre de mes cousines : Chatsekedwa.

Je n'étais pas particulièrement proche d'elle, son comportement étant trop incompréhensible pour moi. Toutefois, je me demandais pourquoi elle agissait ainsi depuis presque tout le temps. Elle ne savait pas la chance qu'elle avait d'avoir ses parents auprès d'elle. Pourtant, malgré la bonne éducation qu'ils lui donnaient, ma cousine les rejetait et préférais aller voir ailleurs.

Je n'avais jamais sauté le pas pour aller l'interroger mais aujourd'hui, c'était plus fort que moi. Elle qui avait tout pour elle, se permettait de tout foutre en l'air. Je ne le supportais pas. Ayant été rejetée par mon père lorsque ma mère biologique était morte en couche, n'ayant plus de figure maternelle depuis la mort de ma mère adoptive, c'était trop de la voir agir de la sorte.

Quittant ma position, je me dirigeais vers ma cousine d'un pas décidé et lorsque je fus à sa hauteur, je l'interpellais.

Salut Chatsekedwa. Je peux te parler ?

Chatsekewa était la seule de mes cousines que j'appelais par son prénom et non "cousine", preuve que je n'étais pas si proche d'elle que je pouvais l'être des autres. Pour cette raison, j'espérais qu'elle voudrait bien que l'on discute un peu plutôt que de m'envoyer bouler.