Encore une belle journée et Roho ne pouvait s'en plaindre. Les Pridelanders n'étaient pas encore très offensifs, les siens se reconstruisaient peu à peu malgré tout. Bien que certains comme Hawa ne pourraient jamais totalement se remettre de cette attaque. Avec un œil en moins, bonjour la vision réduite et les fuites des femelles au premier regard. Autant dire que le jeune chef ne pouvait pas se plaindre de ses propres blessures, leur trouvant un charme indéniable qui avait déjà fait su faire fondre bon nombre de demoiselles de son camp.

Les Pridelanders, c'était une autre affaire. Elles semblaient toutes si innocentes et effrayées d'être accostées par un Rebelle. Bercées dans l'idée que son clan, à lui, restait le grand méchant de l'histoire, n'ayant jamais eu le courage de se remettre en question et encore moins de réfléchir sur leur précédente reine : Moha. Il y avait eu une lueur d'espoir avec Kupendwa, mais il ressemblait bien trop à sa mère, son côté Jangowa empirant pour sûr les choses.

Cependant, Roho ne pouvait vraiment être rancunier avec les non-concernés. Comme la lionne orangée plus loin, qui devait sûrement se promener ou patrouiller... Que sais-je ? Tout ce que le mâle souhaitait faire, c'était draguer et surtout s'amuser. « Hé bien... Que fait une Pridelander aussi loin de chez elle ? » dit-il assez fort pour que la concernée puisse l'entendre. Bien que Roho ne doutait pas qu'aucune réponse ne viendrait à son encontre. Ce genre de femelles-là, elles fuyaient toujours quand elles comprenaient qui il était.

Et elle n'avait pas fuie. Elle était restée à sa place, aussi tranquille que si le Rebelle ne s'était jamais montré. Un poil étonnant, mais ce ne fut pas suffisant pour déstabiliser Roho qui guettait la moindre occasion pour pouvoir s'approcher sans trop la brusquer. Il s'agissait d'une femelle, une dame, une lady. Alors contrairement aux mâles Pridelanders, il souhaitait la traiter avec respect et peut-être ainsi avoir la chance de flirter avec. Car là était son petit plaisir.

Il écouta donc cette ennemie affirmer à quel point elle était chez elle. En soit, elle n'avait pas tellement tort, mais elle restait tout de même proche du camp Rebelle, mais ça, elle y était sûrement préparée vu à quel point elle n'avait pas sourcillé face la présence du gros lion. Et dans cette lancée d'affirmation de soi, l'étrangère parla de leurs conditions, mais aussi de l'idée d'un dialogue entre leurs clans.

« Oh... Vraiment ? » dit-il, faussement innocemment, comprenant qu'elle n'avait pas vécu le règne d'Ijamba, et cette fois-là où Kupendwa avait tenté de discuter... Sans succès. « Je suis impressionné par tant de... Diplomatie. » se cachant bien de dire que cela était rare de nos jours, puisqu'il n'était lui-même par très diplomate avec ses congénères de sexe masculin. « N'as-tu pas peur ? Avec tout ce qui se raconte sur les Rebelles. » demanda-t-il, curieux de savoir ce qui pouvait réellement se dire dans le clan adverse. Car ils devaient pour sûr les traiter comme des lions colériques, violents et prêts à tout pour le pouvoir et la gloire. Comme quoi... Les rôles s'étaient inversés entre eux et les Jangowas qui semblaient désormais être des héros.

Elle redoutait mais elle n'avait pas peur, cela s'entendait à son souffle, cela se voyait à sa nette concentration et son envie redoutable de rester en compagnie d'un chef Rebelle, de celui qu'on accusait de tous les mots : le méchant de la Terre des Lions. Il n'en avait que faire de cette étiquette, surtout si cela pouvait lui permettre d'atteindre son but le plus cher. Mais pour autant, pour l'écouter, il mettrait de côté son esprit combattif, que la lionne orangée mit pour autant sur le tapis dès ses premiers mots.

Il s'agissait d'une diplomate, d'une patriote de la parlotte et combattante des guerriers ne jurant que par la guerre. Ils étaient tous deux opposés, et sa nature la poussait à croire qu'un avenir commun était possible. Malheureusement, son avis semblait trop jeune, trop nouveau, trop innocent... « Se réconcilier ? » dit-il pensif, avant de reprendre « Ce n'est pas une pauvre sécheresse qui saura guérir toutes les blessures. », voyant là une piètre raison de faire un pas vers l'autre. Surtout que certaines raisons le poussait à ne pas chercher un terrain d'entente. « Puis entre nous, ton roi m'a en travers de la gorge, nul doute qu'il nous tournera le dos. »... et lui aussi, puisqu'il n'était qu'un piètre souverain et la lignée de Moha devait être détrônée à tout prix.

HRP:

La guerre n'était qu'un éternel cycle de vengeance, un pauvre prétexte qui ne servait qu'à dissimuler toute l'histoire des Pridelanders et des Rebelles, remontant jusqu'aux origines de ce groupuscule. Parti d'une simple protestation, celle de voir les Outlanders réunis sous la bannière d'une reine étrangère sans accord préalable : la maladresse de Moha n'avait fait qu'alourdir le mal-être de ces lions d'origine belliqueuse, qui s'étaient alors décidés à quitter ce clan en signe de non conformité. Une histoire sûrement vieille de 10 ans, qui s'effaçait peu à peu mais qui avait cependant laissé des traces. Ce trait de félins sauvageons comme le disait si bien la conseillère, ce n'était qu'un vestige de ces pensées. Quoique, Roho n'en restait pas moins un adepte des griffes et des crocs.

Enfin, voilà que l'orangée ressentait de la compassion à l'égard des Rebelles, pensant presque à tourner le dos à son roi. Chose tout à fait étonnante pour une fidèle Pridelander, qui dès à présent souhaitait alors sympathiser avec l'ennemi.

Perplexe, Roho cligna des yeux quelques instants avant de se présenter : « Roho. » aussi brièvement que cela, oubliant presque quelques précisions. « Ijamba est mort depuis bien longtemps, maintenant. » ajouta-t-il, les fidèles de Kupendwa n'étant évidemment pas au courant de qui avait su reprendre le flambeau.
Sa mort faisait désormais partie du passé, et elle n'était guère plus qu'un vieux souvenir. Il l'avait aimé comme un père, mais il était mort au combat comme un vaillant guerrier et c'était tout ce qu'il y avait de mieux à rêver.

« Maintenant que les présentations sont faites, et que tu sais qui je suis... » lança-t-il alors un peu sur le tard, intrigué par la justice dévorante qu'exprimait la jeune lionne. « ... Ne crains-tu pas les pensées de ton roi sur ce que tu viens de m'énoncer, ni même cette rencontre fortuite ? » demanda-t-il, dans l'espoir de peut-être y trouver une alliée malgré tout.